Dans le précédent article « La généalogie : pourquoi, comment et pour quoi faire » (1/2) : le profil du généalogiste, nous avons vu les premiers résultats de mon enquête. 58% des généalogistes sont de sexe féminin, leur âge moyen est de 55 ans. Plus de la moitié de notre échantillon a commencé la généalogie depuis plus de 15 ans, activité pratiquée tous les jours ou tous les deux jours par un tiers des répondants. Ces résultats nous permettaient également de battre en brèche le cliché qui veut qu’on démarre la généalogie à la retraite, puisque sur l’ensemble de l’échantillon, seuls 8 % des généalogistes avaient commencé leurs recherches à cette période de la vie, et ils étaient 20 % à l'avoir fait à ce moment quand on s'intéressait aux généalogistes âgés de 60 ans et plus.
Cet article va montrer les caractéristiques de la pratique de la généalogie. Nous verrons donc quelles sont les principales motivations qui poussent le généalogiste à mener son activité, les outils et moyens qu’il utilise dans sa pratique, et ce qu’il pense de sa pratique et de son activité.

Les derniers résultats de mon enquête seront donc présentés en trois parties :

Les résultats de chaque partie sont illustrés par une infographie, entrecoupant une présentation de la méthode de recueil des données, et des commentaires. On peut s'y rendre directement en cliquant sur le lien correspondant.

Pourquoi faire de la généalogie

17 questions étaient posées, réparties en quatre thèmes (la généalogie pour mieux connaître ses ancêtres, la généalogie en lien avec les autres et dans la Société, la généalogie et l’Histoire, la généalogie dans votre rapport à vous-même et à votre entourage). On pouvait répondre à chacune de ces questions selon quatre choix : tout-à-fait, beaucoup, un peu, pas du tout ; il était également possible de ne pas répondre à une ou plusieurs questions. Pour chacun des quatre thèmes, et par souci de lisibilité, je ne fais apparaître dans les graphes ci-dessous que les questions aux réponses les plus significatives. Pourquoi le généalogiste pratique son activité

Pourquoi le généalogiste pratique son activité.
Source : Scribavita.

On remarque que globalement, le thème le plus apprécié des généalogistes (celui qui possède les plus grands pourcentages de « tout-à-fait ») porte sur une meilleure connaissance de ses ancêtres, thème plébiscité par environ 85 % des répondants, notamment : découvrir ses ancêtres et connaître ses origines. Ceci est finalement assez logique quand on s’intéresse à la généalogie...
A contrario, le thème qui intéresse le moins les généalogistes (celui qui possède les plus grands pourcentages de « pas du tout ») est celui du lien qu’ils ont avec les autres et dans la Société : trouver un cousinage avec une célébrité contemporaine, découvrir si l’on descend d’un roi, d’un noble ou d’un pendu, qui n’intéresse pas du tout 60 % des répondants. Notre échantillon étant constitué d’une très grande majorité de généalogistes qui pratiquent depuis au moins 15 ans, et qui s’intéressent suffisamment à la généalogie pour la suivre sur les réseaux sociaux, pourrait avoir augmenté le non-intérêt sur ce thème. Un échantillon constitué de généalogistes aux pratiques et aux anciennetés diverses et variées obtiendrait probablement des résultats moins négatifs sur ce thème.
Enfin, ce questionnaire permet d’objectiver l’attrait qu’ont les généalogistes pour les recherches, et pas simplement pour les résultats : ce sont en effet 80 % des répondants qui pratiquent leur activité pour le plaisir des recherches. L’ancienneté dans la pratique des répondants montrait déjà que nous avions à faire à des généalogistes passionnés, ce que corrobore ce dernier pourcentage.

Comment et pour quoi faire de la généalogie

27 questions étaient posées, réparties en quatre thèmes :
• les recherches, que je scinderai pour la présentation des résultats en deux thèmes : les recherches via des médias familiaux et les recherches via les Archives ;
• généalogie et technologie ;
• le partage et l’entraide, que je scinderai également pour la présentation des résultats en deux thèmes : le partage avec sa famille et l’entraide entre généalogistes ;
• généalogie et loisirs.
On pouvait répondre à chacune de ces questions selon quatre choix : vous l’avez déjà fait, vous ne l'avez pas encore fait mais vous aimeriez le faire, vous ne l'avez pas encore fait et vous ne savez pas si vous voudriez le faire, vous ne l'avez pas encore fait et cela ne vous intéresse pas. Il était possible de ne pas répondre à une ou plusieurs questions.
Comme précédemment, par souci de lisibilité, je ne fais apparaître dans les graphes ci-dessous que les questions aux réponses les plus significatives pour chacun des thèmes.
Comment et pour quoi le généalogiste pratique son activité

Comment et pour quoi le généalogiste pratique son activité.
Source : Scribavita.

Les thèmes qui remportent le plus de succès correspondent aux recherches via les Archives. Si 98 % des répondants ont déjà consulté des sites Internet d’Archives, ils ne sont plus que 77 % à avoir fait des recherches en se déplaçant dans un service d’Archives. Enfin, 91 % des généalogistes ont déjà sollicité une mairie pour obtenir un acte d’Etat civil.
Les recherches via les médias familiaux rencontrent un peu moins de succès. 91 % des généalogistes ont interrogé les membres de leur famille, 87 % ont étudié des photos de famille. Mais seulement 65 % des répondants ont relevé des dates et des noms sur des tombes. Encore une fois, se déplacer physiquement sur les lieux où se trouve l’information est moins naturel, sans doute pour des raisons de proximité ou de disponibilité.
Malgré tout, les généalogistes échangent sur leurs recherches et leurs trouvailles avec les membres de leur famille. 94 % d’entre eux ont en effet parlé de leurs recherches avec eux, et 91 % leur ont montré leur arbre généalogique. L’organisation d’une cousinade a de son côté des réponses particulièrement partagées : 16 % des généalogistes en ont déjà organisé une et 30 % aimeraient le faire, mais cela n’intéresse pas 24 % des généalogistes.
Le thème du partage et de l’entraide montre des résultats mitigés, l’aide reçue étant supérieure à l’aide donnée. Notamment : 93 % des généalogistes ont consulté l’arbre en ligne d’autres généalogistes, quand 77 % des généalogistes publient leur arbre sur Internet (ils étaient 88 % à le faire dans l’étude de Clément Bècle sur les logiciels de généalogie les plus utilisés en 2017).
Concernant la généalogie et la technologie, 91 % des répondants utilisent un logiciel de généalogie, et 77 % utilisent une application Internet pour saisir ou publier leur généalogie. Les analyses ADN pour connaître ses origines anciennes est la question qui a le plus partagé les répondants. Si 6 % des généalogistes en ont déjà fait, 44 % des répondants ne souhaitent pas le faire. En ajoutant les généalogistes qui l’ont déjà fait et ceux qui ne l’ont pas encore fait mais aimeraient le faire (24 %), les recherches par l’ADN intéressent ainsi 30 % des répondants.
Enfin, les loisirs en lien avec la généalogie montrent que les activités annexes ne sont pas en reste. 87 % des répondants ont déjà lu une revue ou un livre de généalogie. 60 % ont déjà été membres d’une association de généalogie. Enfin, 52 % des généalogistes sont déjà partis en voyage sur les lieux où leurs ancêtres ont vécu, et 39 % aimeraient le faire.

Ce que le généalogiste pense de sa pratique et de son activité

Dix propositions sur ce que le généalogiste peut aimer ou ne pas aimer dans son activité étaient proposées. Le répondant pouvait en choisir jusqu’à quatre.
A noter que lors de l’analyse des résultats, je me suis rendue compte que la formulation des questions induisait un biais dans la présentation des résultats et l’ordre des unes par rapport aux autres, certaines questions étant à connotation négative. Dans le graphe ci-dessous, j’ai donc inversé le sens de la formulation des questions concernées, et pris la différence par rapport à 100 du pourcentage obtenu (les résultats auraient probablement été légèrement différents avec les questions posées telles quelles puisque leur acception est ainsi modifiée, mais la différence est probablement suffisamment faible pour que l’ordre de grandeur reste le même). Les questions concernées sont les suivantes :
• « Il est difficile de savoir quels documents d’archives consulter » choisi par 5 % des répondants devient « Il n’est pas difficile de savoir quels documents d’archives consulter » avec 95 % de réponses,
• « Lire les actes anciens est difficile » avec 27 % de réponses, transformé en « Lire les actes anciens n’est pas difficile » et 73 % de réponses,
• « Peu de personnes de ma famille s’intéresse à la généalogie et à mes recherches » et ses 31 % de réponses, devenu « Plusieurs personnes de ma famille s’intéressent à la généalogie et à mes recherches » avec 69 % de réponses.
Ce que le généalogiste pense de sa pratique et de son activité

Ce que le généalogiste pense de sa pratique et de son activité.
Source : Scribavita.

On peut donc voir que la technique généalogique ne fait pas obstacle aux répondants pour pratiquer leur activité[1], puisque les deux questions portant sur ce thème arrivent dans le tiercé des réponses les plus citées : 95 % des généalogistes n’ont a priori pas de difficulté pour savoir quels documents consulter, lire les actes anciens n’est pas difficile pour 73 % des généalogistes. Par ailleurs, l’intérêt de la généalogie pour ses pratiquants réside principalement dans la richesse de ce que leurs recherches leur apporte (89 % des répondants ont indiqué que faire des recherches généalogiques était enrichissant), et dans la variété de domaines que recouvre la généalogie (62 % estiment que la généalogie est une activité multifacettes).
Enfin, plus des deux tiers des répondants peuvent partager leurs recherches avec leur famille, puisque 69 % des généalogiste indiquent que plusieurs personnes de leur famille s’intéressent à leurs recherches.
En queue de peloton arrive la question « la généalogie est une activité solitaire », citée par 7 % des répondants. Ceci prouve que cette activité est bien loin de l’image que les non-initiés peuvent en avoir, et pour lesquels bien souvent, faire de la généalogie se résume à faire des recherches tout seul dans son coin derrière des registres inertes.

Les points clés de cette enquête

Notre enquête aura permis d'objectiver que les principales motivations qui poussent le généalogiste à pratiquer son activité résident dans le souhait de mieux connaître ses ancêtres, environ 85 % des généalogistes plébiscitant cette thématique. Nous découvrons par ailleurs que le plaisir des recherches est un élément important, puisque 80 % des répondants mentionnent cet aspect. Enfin, 75 % des répondants ne pratiquent pas du tout la généalogie en vue de trouver un cousinage avec une célébrité contemporaine.

Concernant les modes de pratique, la consultation des sites Internet d’Archives publiques est largement plébiscitée (98 % des répondants), et passe même devant l’interrogation des médias familiaux auxquels il pourrait pourtant a priori être facile d’accéder, ceux-ci étant mentionnés par environ 90 % des généalogistes. Ceux-ci sont aussi nombreux (91 %) à s’être rendu sur les lieux où ont vécu leurs ancêtres et à vouloir le faire (respectivement 52 % et 39 %). Les généalogistes ont déjà évoqué le fruit de leurs recherches aux membres de leur famille, 94 % d’entre eux en ayant parlé, et 91 % leur ayant montré leur arbre généalogique.
Le partage et l’entraide entre généalogistes n’est plus une légende, même si les résultats montrent que l’on a davantage tendance à se faire aider ou à s’appuyer sur des données d’autres généalogistes, qu’à aider l’autre : 77 % des généalogistes rendent leur arbre accessible sur Internet alors que 93 % consultent l’arbre d’autres généalogistes ; 65 % des répondants ont directement apporté leur aide à d’autres (recherches aux archives, indexation, ...), alors que 73 % ont été aidés. Les différences entre l’aide donnée et l’aide reçue, quand on prend en compte ceux qui ne l’ont pas encore fait mais qui aimeraient le faire, est toutefois très faible (3 %). 41 % des répondants jugeant la généalogie chronophage pourrait expliquer pourquoi il est plus courant d’avoir déjà été aidé que d’aider : on peut avoir besoin d'être aidé pour avancer dans ses propres recherches, mais celles-ci prenant déjà du temps en elles-mêmes, il n'en reste plus pour aider en retour.
Par ailleurs, les résultats concernant les recherches généalogiques via des analyses ADN constituent pour moi une grosse surprise : alors que le sujet devient de plus en plus à la mode mais n’est pas encore autorisé en France, 6 % des répondants ont déjà fait faire des analyses, et 24 % aimeraient le faire. Toutefois, 44 % ne sont pas intéressés par cette démarche, ce qui rend les non-intéressés plus nombreux que les intéressés.

Enfin, quand on demande aux généalogistes ce qu’ils pensent de leur pratique, une grande majorité ne sont pas mis en défaut par d’éventuelles difficultés au cours de leurs recherches : 95 % d’entre eux pensent qu’il n’est pas difficile de savoir quels documents consulter, et 73 % pensent qu’il n’est pas difficile de lire les actes anciens[2]. On retrouve le plaisir des recherches évoqué précédemment par 80 % des généalogistes, puisque 89 % des répondants trouvent que faire des recherches généalogiques est enrichissant.

Pour terminer, je remercie encore vivement toutes les personnes qui ont permis à cette enquête de connaître le succès qu’elle a rencontré, tant les personnes qui ont répondu que celles qui en ont parlé à travers différents médias ! J’espère que les résultats vous auront, tout comme moi, permis de découvrir un visage plus concret des généalogistes.


[1]Même si, comme nous l’avons vu dans le paragraphe présentant ce que le généalogiste pense de sa pratique et de son activité, les valeurs des réponses à ces questions notamment ne reflètent pas exactement la réalité.
[2]Valeurs à diminuer probablement légèrement, compte tenu de la reformulation de la question pour la présentation de ces résultats, comme expliqué dans le paragraphe présentant ce que le généalogiste pense de sa pratique et de son activité

Sources :

Article écrit par Chantal, le 15 décembre 2017

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