... et rebondir

Au fil de ses recherches, plus particulièrement si l'on consulte des sources moins ordinaires que les simples actes d'Etat civil, on peut découvrir chez nos ancêtres, des situations de vie qui nous mettent plus ou moins mal à l'aise. Un enfant abandonné à la naissance, des parents décédés jeunes, une indigence, un divorce, un ancêtre prisonnier de guerre, une inculpation judiciaire, ..., sont bien plus courants qu'une vie aisée voire des origines nobles ou prestigieuses.
Cette découverte peut donner un coup au moral, d'autant plus quand aucun indice ne la laissait présager et qu'on la trouve par hasard, et alors qu'on aurait toujours davantage tendance à imaginer (souhaiter) des vies un minimum heureuses chez ceux qui nous ont précédés.
Pourtant, si cela peut nous laisser KO un temps, il faut savoir accepter ces côtés déplaisants et savoir rebondir. Ainsi, chercher à comprendre dans quel contexte a vécu cet ancêtre, quelle a été sa vie, comment une telle situation a pu se produire, voire même se questionner, peuvent permettre d'atténuer sa déconvenue.

Par exemple, savoir que l'abandon des nouveaux-nés est un phénomène très ancien qui connut un développement important au XVIIIème siècle, permet de relativiser les choses. L'abandon d'un enfant pouvait trouver différentes causes : enfant issu d'un mariage illégitime (non approuvé par le père de l'un ou des deux mariés), enfant procréé avant le mariage, enfant issu d'une relation furtive entre un fils de famille et une domestique qui risquait alors le renvoi, pauvreté avec l'impossibilité même pour un couple légitime d'élever son enfant (les abandons suivent le prix de vente des céréales), enfant non désiré conçu par l'impossibilité d'avoir recours à la contraception ou à l'avortement, ...
Dès le XVIIème siècle, les hospices étaient pourvus d'un tour, sorte d'armoire cylindrique pivotant sur lui-même dans l'épaisseur du mur et ouverte sur un côté. Ceci permettait de faire passer l'enfant à travers le mur sans être vu. Les enfants abandonnés étaient ainsi recueillis par les établissements hospitaliers gérés par l'Eglise, puis, à partir de 1811, par l'assistance publique. A partir de 1820 et de 1845 de manière obligatoire, l'abandon définitif d'un enfant était précédé d'une "mise en dépôt" provisoire à l'hospice, l'enfant pouvant alors être repris par ses parents. Il arrive qu'un billet acompagne l'enfant (nom, attestation de baptême ou autres signes de reconnaissance).
Ainsi, de 1640 à 1789, l'Hôpital des Enfants-Trouvés de Paris a recueilli 390 000 enfants. De 30 enfants recueillis en 1640, ils passèrent à 5500 un siècle et demi plus tard, quand la population comptait alors 850 000 habitants (soit 0,6% de la population). À Lyon, 600 enfants furent abandonnés en 1690, puis 1500 enfants en 1790 pour près de 130 000 habitants (soit 1,1% de la population).

Quoi qu'il en soit, quelle que soit la situation et sa déception ou sa déconvenue, aurait-on le droit de juger ses ancêtres pour ce qu'ils ont pu faire ?... Il vaut peut-être simplement mieux les accepter tels qu'ils ont été et le cas échéant compatir avec eux, tout en les félicitant de nous avoir transmis tout un patrimoine (à tous les sens du terme), qui, de génération en génération, nous a construit tel que nous sommes aujourd'hui.

Etre KO devant une découverte déstabilisante ne doit durer qu'un temps. Comprendre et accepter ce par quoi nos ancêtres sont passés, ne nous rend que plus forts et plus curieux de tout ce qu'ils ont vécu !


Sources :

Abandon d'enfants :


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Article écrit par Chantal, le 12 juin 2014

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