Suite à mon précédent article présentant le contexte des mères célibataires, plus particulièrement dans le petit village d’Audes (Allier) avec ses maires d’une même famille qui se sont succédés pendant plus de 70 ans, étudions de plus près les noms qui ont été attribués aux enfants naturels.

Une analyse des actes de naissance sur une période d’une quarantaine d’années

Afin d’étudier la façon dont ont été nommés les enfants naturels à Audes (Allier) dans le courant du XIXème siècle, j’ai analysé les actes de naissance de ce village sur plusieurs décennies. Je suis partie de l’année de naissance de mon ancêtre Louis LABEILLE (1853), et je suis remontée d’année en année jusqu’à observer une certaine stabilité dans les caractéristiques des enfants naturels et le type de noms donnés (ce qui m’a donc fait aller jusqu’en 1835, sachant que les hospices pour les enfants abandonnés ont été créés en 1811 et que les tours d’abandon ont été fermés en 1836), puis je suis repartie de la même façon dans l’autre sens (soit jusqu’en 1872).
Le plus souvent, j’ai identifié les enfants naturels via la mention qui en était faite dans la table alphabétique annuelle. Quand celle-ci n’apparaissait pas dans une table annuelle, j’ai lu le registre en cherchant cette même information en mention marginale de chaque acte. Une fois les enfants naturels identifiés, j’ai analysé le contenu de leur acte de naissance (enfant trouvé ou enfant de mère connue, identité du déclarant et son lieu d’habitation ainsi que le cas échéant celui de la mère, …).

7  % d’enfants naturels à Audes, dans la moyenne française

Sur les 38 années étudiées (de 1835 à 1872 inclus), nous avons un échantillon de 912 naissances dont 849 enfants sont légitimes (93 % de l’ensemble des naissances) et 63 sont des enfants naturels (enfants trouvés, enfants nés de mère connue et de père inconnu tous confondus, les autres cas possibles d’enfants naturels n’ayant pas été rencontrés). Ces 7  % d’enfants naturels restent tout à fait dans la moyenne vue dans l’article sur la théorie de la transmission des noms de famille en présentant quelques statistiques. Le village d’Audes est donc dans la moyenne française.
Le graphe ci-dessous montre le détail annuel des différents types de naissance. Chaque échantillon annuel étant très faible, ses variations ne sont pas forcément significatives. Le taux un peu plus élevé d’enfants naturels nés dans les années 1841 à 1843 pourrait toutefois être en lien avec les difficultés économiques apparues en 1840 qui engendrèrent des troubles agraires en province.

Graphe des naissances annuelles par type

Graphe du nombre de naissances annuelles à Audes de 1835 à 1872 selon leur type (légitimes ou naturelles). Cliquer pour zoomer.
Source : Scribavita

Des enfants trouvés remplacés au fur et à mesure par des enfants de mère connue et de père inconnu

Le graphe ci-dessous détaille, année par année, si les enfants naturels déclarés sont des enfants trouvés ou des enfants de mère connue et de père inconnu.

Graphe des naissances annuelles naturelles

Graphe du nombre de naissances annuelles naturelles à Audes de 1835 à 1872 selon leur type (enfant trouvés ou enfants de mère connue). Cliquer pour zoomer.
Source : Scribavita

On constate trois périodes :

  • jusqu’en 1847 : tous les enfants naturels sont des enfants trouvés, sauf deux enfants (jumeaux) nés en 1840 de mère connue,
  • de 1848 à 1853 : il reste encore des enfants trouvés (dont un enfant qui sera reconnu par sa mère 21 ans plus tard) et apparaissent les premiers enfants de mère connue et de père inconnu,
  • à partir de 1854 : plus aucun enfant n’est trouvé, tous les enfants naturels sont de mère connue et de père inconnu.

Cette évolution globale assez marquée pourrait être due notamment à l'évolution des mœurs ou à une pauvreté moindre au fil du temps.

L’enfant trouvé à la porte du domicile d’un habitant du village

Chaque déclaration de naissance d’enfant trouvé reprend les mêmes informations : le déclarant a trouvé exposé à la porte de son domicile (quand cela est précisé : le plus souvent dans la nuit entre 10 heures du soir et 3 heures du matin), un enfant dont l’âge est estimé et à la tenue vestimentaire précisément décrite à partir de 1841. Il porte ainsi souvent une brassière en coton ou en indienne, une chemise en coton ou en toile, un bonnet, un drapeau (de « petit drap », c’est-à-dire le lange du bébé), et est accompagné parfois d’un trousseau plus ou moins fourni. Puis le rédacteur de l’acte ou le maire décide de lui attribuer un prénom et un nom (cf. ci après). Il est d’abord « ordonné que l’enfant fut remis à l’hospice », puis à partir de 1841 également et jusqu’en 1848 [1], l’enfant est confié à une femme du village (a priori sans lien de parenté avec le(s) déclarant(s)) à qui l’on remet une copie du procès verbal ainsi rédigé, afin de le transporter à l’hospice / l’hôpital général de Moulins (préfecture du département, située à environ 70 kilomètres du village).
Extrait d’un acte de naissance d’un enfant trouvé

Acte de naissance de Jeanne Lafranchise, enfant trouvé à Audes en 1841. Cliquer pour zoomer.
Source : AD03, 2E 10 13 Audes N 1829-1862, vue 77 sur 196
Transcription :
L’an mil huit cent quarante et un, le vingt deuxième jour du mois de février, à onze
heures du matin, pardevant nous maire officier de l’état civil de la commune
d’audes, canton d’hérisson, département de l’allier, est comparu antoine dufragne
agé de trente huit ans, propriétaire domicilié au lieu des franchises de cette commune
lequel nous a déclaré que hier à dix heures du soir il a trouvé exposé à la porte
de son domicile un enfant du sexe féminin paraissant né depuis dix jours,
vetu d’un drapeau en toile, d’une chemise en toile, d’une brassière en indienne jeaune,
d’une bourrasse jeaune en étoffe jeaune, envelloppé d’un oreiller en grosse toile, et
ayant à coté de lui un petit trousseau composé de deux drapeaux, d’une chemise et
de deux bonnets blancs le tout en toile, il nous a en même temps présenté l’enfant
que nous avons inscrit immédiatement sur les registres de l’état civil sous le
nom de Lafranchise, et le prénom de jeanne, nous l’avons ensuite confié à la nommée
marie Peinons, journalière, demeurant en cette commune, que nous avons chargé
de le transporter à l’hôpital général de moulins, nous lui avons remis à cet
effet copie du présent procès verbal, que nous avons signé, quant au déclarant, il
a déclaré ne savoir. signé [signature] Josset Lamaugarny maire

L’âge des enfants trouvés : du nouveau-né au bébé de 8 mois

Dans notre échantillon de 24 enfants trouvés dont la naissance est déclarée entre 1835 et 1853, quasiment la moitié d’entre eux (46 %) ont un âge estimé inférieur à une semaine (1 nouveau-né, 6 enfants âgé d’un jour, et les 4 derniers sont âgés de trois, quatre ou cinq jours). Un tiers de ces enfants trouvés (38 %) ont un âge estimé entre une et deux semaines. Deux enfants trouvés sont par ailleurs particulièrement âgés : l’un a environ 4 mois (trouvé en 1846), et un autre en a environ 8 (trouvé en 1844). Ces deux derniers cas témoignent très probablement de l’extrême pauvreté de leur(s) parent(s) ne voyant pas d’autre issue que d’abandonner leur enfant faute de pouvoir le nourrir.
Le graphe ci-dessous précise les tranches d’âge estimé des enfants trouvés.
Graphe de l’âge des enfants trouvés

Graphe de l’âge des enfants trouvés à Audes nés entre 1835 et 1872. Cliquer pour zoomer.
Source : Scribavita

Une majorité de filles abandonnées ?

Enfin, le sexe de l’enfant joue peut-être en défaveur de la fille qui coûtera dans le futur plus cher qu’elle ne rapportera (dot de la fille lors de son mariage vs. bras utiles pour le travail à la ferme des garçons) : 15 enfants trouvés sont des filles contre 9 des garçons. Mais notre échantillon de 24 enfants trouvés reste trop faible pour en tirer des conclusions statistiques sûres. A noter que du point de vue des enfants naturels (ensemble des enfants trouvés et des enfants de mère connue et de père inconnu), la parité est plus proche : on compte 33 filles pour 30 garçons (alors que le sex-ratio à la naissance chez l’humain est en général légèrement l’inverse : 105 garçons pour 100 filles). Là encore, notre faible échantillon montre simplement que l’on reste dans les normes habituelles.

Les noms donnés aux enfants trouvés

La législation pour l’attribution des noms de famille aux enfants trouvés

La législation en vigueur [2] marque durablement l’histoire de l’identité des enfants trouvés en suggérant de leur donner un nom emprunté « soit à l’histoire des temps passés, soit dans des circonstances particulières à l’enfant, comme sa conformation, ses traits, son teint, le pays, le lieu, l’heure où il a été trouvé ; il convient néanmoins qu’il faut rejeter avec soin toute dénomination qui serait indécente, ridicule ou propre à rappeler, en toute occasion, que celui à qui on le donne est un enfant trouvé ».
Par ailleurs, la loi du 23 août 1794 imposait de garder le nom de famille attribué dans l’acte d’état civil. Même si l’enfant allait ensuite être recueilli dans un hospice, c’est bien l’acte de sa déclaration de naissance qui lui attribuait de manière (théoriquement) définitive ses nom et prénom.

En pratique, des noms principalement tirés des lieux-dits du village

Notre échantillon compte donc 24 enfants trouvés dont la déclaration de naissance a été faite entre 1835 et 1853 (déclaration du dernier enfant trouvé).
Dans les actes, il est mentionné que c’est le maire (ou le rédacteur) qui « inscrit [l’enfant] sous le nom de ... et le prénom de ... ».
Les noms de familles donnés aux 24 enfants trouvés se répartissent en trois catégories :

  • les noms de famille en lien direct avec le lieu-dit d’habitation du déclarant (près de la moitié des enfants).
    On trouve ainsi six enfants nommés « Lafranchise », du lieu-dit éponyme où résidait le déclarant (« Les Franchises »), pour un total de dix enfants dont le déclarant résidait dans ce lieu. Le grand nombre d’habitants de ce lieu-dit (plus gros hameau du village derrière le bourg et rassemblant environ un huitième de la population audoise) a pu augmenter le nombre d’attributions de ce nom. Mais le choix de ce mot à la signification marquée n’est sans doute pas anodin, tant pour donner un nom positif à l’enfant, que pour « expier » la « faute » supposée de ses géniteurs.
    Les autres noms portent moins de signification et ont pu être pour certains plus durs à porter : Durenard (tiré du lieu « le four du renard), Laloup (dont le déclarant habitait aussi au lieu du Renard... attribuer ce nom à la petite fille était-il un trait d’humour?), Lagravette, Desrameaux et Deschétifsbois (lieux-dits éponymes en plusieurs mots).
  • les noms de famille correspondant à un lieu-dit du village (près du tiers des enfants), y compris le lieu-dit d’habitation de la femme à qui il est confié : Desbois (tiré probablement des Chétifsbois), Dubourg, Lafranchise (comme s’il n’y en avait pas assez par ailleurs), Lamouche et Labeille (pour La Mouche à miel), Ducluzeau (Le Cluzeau).
    Finalement, les trois quarts des enfants trouvés reçoivent un nom tiré d’un lieu-dit du village.
  • les noms de famille d’une autre origine (objet ou végétation notamment) ou d’une origine indéterminée  La Loge, Labrande, Coutaux, Lacôte Bernard, Palisse (tiré probablement du village voisin de Lapalisse), Delorme.

Le graphe ci-dessous synthétise ces différentes catégories.
Graphe des noms donnés aux enfants trouvés

Graphe des noms donnés aux enfants trouvés à Audes nés entre 1835 et 1853. Cliquer pour zoomer.
Source : Scribavita

Les prénoms donnés aux enfants trouvés

La législation pour l’attribution des prénoms aux enfants trouvés

La loi du loi du 11 Germinal An XI (1er avril 1803) indique que les prénoms des enfants trouvés doivent être choisis parmi ceux « en usage dans les différents calendriers et ceux des personnages connus de l’histoire ancienne ».

En pratique, les prénoms donnés aux enfants trouvés restent effectivement très classiques

Dans cinq cas sur neuf possibles (déclaration d’un garçon), le prénom donné à l’enfant est le même que celui du déclarant (deux Jean, un Gilbert, un Philippe et un Pierre). Les cinq autres enfants ont reçu des prénoms très classiques : deux Jean, un Jacques et un François.
Pour les filles, il n’était pas possible de s’inspirer du déclarant, exclusivement un homme. Le prénom donné ne correspond pas non plus à celui de la femme à qui l’enfant est confié, sauf une fois où le second prénom (seule et unique fois d’ailleurs où deux prénoms sont donnés) est le même que le prénom de la femme a qui l’enfant est confié. Le rédacteur a donné des prénoms habituels en prénommant les quinze filles trouvées de la façon suivante :

  • huit Marie,
  • deux Catherine,
  • une Françoise et une Françoise Magdeleine,
  • une Jeanne,
  • une Magdeleine,
  • une Marguerite.

Quelle règle aux noms donnés aux enfants de mère connue et de père inconnu nés à Audes ?

Si les noms et les prénoms donnés aux enfants trouvés pouvaient logiquement dépendre « uniquement » du bon vouloir du maire ou du rédacteur de l’acte, qu’en est-il pour les enfants naturels de mère connue pour lesquels les questions se posent a priori moins ?
Notre échantillon d’enfants naturels de mère connue et de père inconnu lors de la déclaration de la naissance s’élève, sur la période de 1840 à 1872, à 39.
Les graphes ci-dessous montrent les différents types de nom donnés, d'une part au fil du temps, d'autre part sur l'ensemble de la période étudiée.
Graphes des noms donnés aux enfants trouvés et aux enfants de mère connue au fil du temps

Graphes des noms donnés annuellement aux enfants trouvés et aux enfants de mère connue nés entre 1835 et 1872 à Audes. Cliquer pour zoomer.
Source : Scribavita

Graphes des noms donnés aux enfants trouvés et aux enfants de mère

Graphes des noms donnés aux enfants trouvés et aux enfants de mère connue nés entre 1835 et 1872 à Audes. Cliquer pour zoomer.
Source : Scribavita

De 1840 à 1862, le nom attribué à l’enfant était soit un nom « inventé » sur un schéma comparable à celui des enfants trouvés, soit celui de sa mère. Ainsi, sur les 26 enfants naturels nés pendant cette période, seuls 9 d’entre eux (35 %) ont reçu le nom maternel. Ce n’est qu’à partir de 1863 que tous les enfants naturels (13) ont reçu le nom de leur mère. Finalement sur l’ensemble de la période, 22 enfants sur 39 (56 %) ont reçu le nom maternel.
Les noms « inventés » suivent un peu les mêmes proportions que ceux des enfants trouvés, à laquelle s’ajoute une catégorie qu’on n’avait pas vue précédemment : des prénoms. Ceux-ci remplacent une partie des noms tirés de lieux-dits d’habitation du déclarant, comme le montre le graphe ci-dessous.
Graphes des noms donnés aux enfants de mère connue, hors enfants avec le nom de leur mère

Graphes des noms donnés aux enfants de mère connue (hors enfants auxquels a été donné le nom de leur mère) nés entre 1840 et 1862, à Audes. Cliquer pour zoomer.
Source : Scribavita

Les trois prénoms qui ont été attribués comme nom de famille ne sont pas forcément des plus classiques et auront donc pu être difficiles à porter, pouvant stigmatiser ces enfants : Moïse, Jacob, et Valentin.

Des jumeaux appelés différemment !...

Parmi ces 39 enfants naturels, on compte deux paires de jumeaux.
Pour les premiers d’entre eux, nés en 1840, l’agent d’état civil a sans doute trouvé « malin » de non seulement ne pas leur donner le nom de leur mère, mais en plus, de leur donner à chacun un nom différent ! Et pour rendre les choses plus « amusantes » encore, c’est le même prénom qui leur a été attribué ! Rose Soulier se retrouve donc avec deux garçons jumeaux, l’un appelé Jean Cretot, et l’autre Jean Lagent... Pour chacun d’eux, l’un ou les deux témoins (mais non le déclarant) s’appelai(en)t Jean, mais un peu plus d’originalité pour les prénoms et un peu moins pour les noms aurait été plus simple...
L’autre paire de jumeaux, née en 1857, a cette fois eu la chance de recevoir le même nom (mais toujours pas celui de leur mère) et deux prénoms différents : Jean et Pierre Labruyère, fils de Marie Dumey.

Les prénoms donnés aux enfants de mère connue et de père inconnu, variables selon le nom reçu

A priori, les enfants nés de mère connue devraient se voir attribuer le prénom choisi par la mère... Etudions malgré tout si le prénom du déclarant a une influence sur celui-ci.
Notre échantillon de 39 enfants naturels nés de mère connue compte 21 garçons et 18 filles.
Le tableau ci-dessous indique le type de prénom qui a été donné aux garçons en fonction du nom qu’ils avaient reçu.

Nom et prénom donné à un garçon, fils naturel né de mère connue Nom de sa mère Nom « inventé » Total
Prénom du déclarant 3 6 9
Autre prénom 7 5 12
Total 10 11 21

Pour les filles, le même exercice n’est pas réalisable puisque les femmes ne déclarent pas de naissance d’enfant, et que celui-ci n’était pas confié à une autre femme comme dans le cas des enfants trouvés. Tout au mieux peut-on étudier si le prénom de la mère a été donné à l’enfant, ce qui est indiqué dans le tableau ci-dessous.

Nom et prénom donné à une fille naturelle née de mère connue Nom de sa mère Nom « inventé » Total
Prénom de la mère 0 1 1
Autre prénom 12 5 17
Total 12 6 18

A part dans un cas, peut-être uniquement une coïncidence, les filles n’ont jamais reçu le même prénom que leur mère.

Finalement, pour les garçons et malgré les faibles effectifs qui peuvent ne pas être représentatifs statistiquement, on peut quand-même constater une légère tendance : quand le garçon a reçu le nom de sa mère, il a été prénommé indépendamment du déclarant dans deux tiers des cas (7 enfants sur 10). Quand le nom de l’enfant a été « inventé », les enfants ont autant été prénommés comme le déclarant que d’une autre façon.
Ces indices pourraient tendre vers un véritable choix de prénom par la mère quand celle-ci « donne » son nom à son enfant, et un « choix » de prénom par défaut quand le nom est « inventé ». Mais encore une fois, notre faible échantillon peut ne pas être statistiquement représentatif d’une quelconque réalité.

Et si tout cela n’était pas dû qu’au hasard ?

Finalement, pourquoi ces 39 enfants naturels nés de mère connue n’ont-ils pas tous eu le même sort quant au nom voire au prénom qui leur a été attribué ? L’étude de la succession des maires (évoquée dans mon précédent article sur les maire oligarchiques) et du scripteur ne montre a priori pas de lien entre ceux-ci et les noms attribués : sur l’intégralité de la période où les deux types de noms ont été donnés (1840-1862), se sont succédés deux maires (le premier seulement pour les deux premières naissances, les jumeaux nommés différemment) et trois scripteurs différents.
Les maires voulaient-il marquer un enfant du sceau de la honte d’être un enfant naturel, davantage pour une femme que pour une autre (par exemple en fonction des relations qu’ils entretenaient avec elle et sa famille) ? La mère ou le déclarant savaient-ils dès la déclaration de la naissance que l’enfant serait abandonné, lui donner un nom différent de celui de sa mère limitant les possibilités d’établir ultérieurement une filiation ? Si on ne peut pas approfondir la première hypothèse, la dernière peut éventuellement l’être en étudiant le devenir de ces enfants naturels nés de mère connue. C’est ce que nous verrons dans un prochain article.


  • [1]Aucune mention ne figure dans les actes pour savoir ce qu’il advient des trois enfants trouvés entre 1851 et 1853.
  • [2]Circulaire du 30 juin 1812 reprise par l’instruction ministérielle du 8 février 1823.

Sources :

Article écrit par Chantal, le 21 février 2019

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